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Les organismes de collecte des grains veulent s’offrir un coup de jeune

Chez les coopératives, 44 % des silos ont par exemple plus de 33 ans, selon la section métiers du grain de La Coopération Agricole.

Les organismes stockeurs cherchent à rester compétitifs en modernisant leurs infrastructures et réseaux logistiques vieillissants.

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Coopératives et négoces partagent le même constat : leurs infrastructures et réseaux logistiques ont globalement vieilli et les investissements ont pris du retard. Chez les coopératives, 44 % des silos ont par exemple plus de 33 ans, selon la section métiers du grain de La Coopération Agricole (LCA). « [Nos structures ont aujourd’hui] besoin d’un véritable choc d’investissement », estimait Antoine Hacard, son président, en septembre 2025.

En conséquence, les sites ne sont d’abord plus toujours adaptés à la collecte d’aujourd’hui, encore moins à celle de demain : le nombre de variétés, de qualités, de cahiers des charges pour une même espèce se sont démultipliés, tout comme la diversité des espèces produites en lien avec l’allongement des rotations, constatent Catherine Matt, directrice de LCA métiers du grain et Antoine Pissier, président de NégoA (fédération des négoces agricoles). « Aujourd’hui, je n’ai pas besoin d’une fois 10 000 tonnes de stockage, mais de 10 fois 1 000 tonnes », illustre-t-il.

Un grand plan de relance

La gestion des insectes questionne aussi. Certains clients exigent du stockage sans insecticides, et les traitements chimiques efficaces autorisés fondent de toute façon comme neige au soleil. Restent des solutions plus innovantes comme l’inertage ou le gazage, mais celles-ci nécessitent des équipements spécifiques plus coûteux, souligne Antoine Pissier. Et de manière générale, ils relèvent tous deux des normes de plus en plus strictes à respecter.

Les silos doivent également s’adapter au changement climatique, avec par exemple des vagues de chaleurs qui empêchent de refroidir le grain correctement, générant « des problèmes inconnus jusqu’alors », fait remarquer Catherine Matt. À cela s’ajoutent des bâtiments vétustes, parfois encore amiantés, dont la déconstruction doit être réfléchie. Sans parler du « goulot d’étranglement » auquel font face certains sites, dépassés par les progrès des débits des moissonneuses à l’amont, et par les expéditions vers l’aval qui demandent parfois de gros volumes d'un seul jet.

Malgré ce constat un peu alarmiste, les OS continuent d’investir, à hauteur de leurs moyens, et cherchent des financements supplémentaires pour se moderniser. C’est pourquoi LCA métiers du grain et NégoA mettent sur pied le plan de relance Infrastructures 2030. Les deux organisations ont réalisé un large état des lieux pour chiffrer les besoins. L’estimation est en cours, attendue début 2026. L’objectif : faire ouvrir un guichet public d’aides à l’investissement et faire reconnaître le stockage comme un intérêt stratégique supérieur pour la souveraineté alimentaire.

Pour Catherine Matt, les pouvoirs publics semblent prendre la mesure de l’importance du sujet. Mais les budgets sont en baisse partout, reconnaît-elle. Difficile donc de savoir si l’État y donnera suite. Les OS demandent aussi un assouplissement réglementaire et administratif, notamment pour l’accès au foncier et l’instruction des permis de construire. « Et ça, ça ne leur coûterait rien », souligne Antoine Pissier.

La piste de la mutualisation

Dans ce paysage, certains OS ont déjà opté pour la mutualisation de leurs installations de stockage, d’autres pour la fermeture de petits silos vétustes avec l’idée de profiter « d’outils moins coûteux en exploitation et plus agiles lors des moissons », observe Catherine Matt. Pour l’agriculteur, cela signifie parfois un éloignement de son point de livraison, parfois compensé par des primes. « Sur le papier c’est excellent, mais on peut vite se retrouver face à des conflits commerciaux, nuance Antoine Pissier. Cela a peut-être davantage de sens [sur les gros sites d’expédition], pour se raccorder à une voie ferrée par exemple » (lire pages suivantes).

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